TOUT CHANGER : POURQUOI NOUS FAUT IL TOUJOURS TOMBER DANS L’EXTRÊME POUR S’Y ATTELER ?

Tout changer : la vie a parfois cet arrière-goût de regrets malgré la réussite, l’argent, le talent, l’amour etc.
Pourquoi nous faut-il toujours tomber dans l’extrême pour commencer à tout changer ?
2015 : une année pour tout changer
Me concernant, j’ai opéré ce changement en 2015. A cette époque, mon ascension était fulgurante. Notre groupe de sociétés était sur le point de fusionner avec un mastodonte. Le volume de travail était en passe de doubler de volume en quelques mois. Tout allait pour le mieux dans les affaires comme dans la vie privée. C’était tout au moins ce que j’avais choisi de me raconter.
L’appel est arrivé subitement en ce jour de printemps. Date d’anniversaire de ma compagne, moment choisi pour le marathon d‘Hanovre, en cette chaude journée ensoleillée. Mon père était très mal en point. Le temps de reprendre mon souffle et de comprendre que la situation prenait d’un seul coup un tout autre tournant.
Mon boulot, mes loisirs, ma famille
J‘ai consacré une bonne partie de ma vie d’adulte à ma carrière/ mes business et mes plaisirs. Comme tu le sais peut être, j’ai grandi à Nancy. Désormais, je vis à Hanovre en Allemagne soit à quelque 650 km de la résidence parentale. Donc, la distance qui nous séparait a souvent excusé mes visites qui se faisaient rares. Je n’ai jamais eu de bonnes relations avec mes parents. Quand tu apprends que ton père va mourir, tu dois rappliquer le plus rapidement possible. Au moins, pour le revoir en vie une dernière fois, tu te rends compte finalement que tout ne tient qu’à un fil. Tu réalises que tout l’or du monde ne te feras vivre une minute de plus si la mort est au rdv, si ton heure a sonné, si ton show arrive à la fin du dernier acte.
650 km me séparaient de lui, qui m’avait donné la vie. 650 km à parcourir seul pour finalement repasser en revue ce que nos 38 ans ensemble sur cette terre nous avez finalement offert. Plus de 15 ans loin de lui pour me focaliser sur mon monde à moi et tout mettre en place pour ne pas endurer physiquement ce que mon père avait subi. Mon père était artisan. Un entrepreneur du bâtiment qui s’était détruit au travail.
Physique est vraiment le bon mot pour décrire notre relation, son mode de vie, de travail, pour également justifier la distance que j’avais établie entre nous.
Ceci dit, je sentais que nous n’allions pas nous revoir sur ce coup-là. Je sentais que simplement c’était fini.
650 km pour tout changer
J‘ai passé ces quelques heures de route, seul à remettre en question la situation, la mienne évidemment et mon comportement face à ma grande vision. J’avais atteint beaucoup d’objectifs. Mais je m’étais privé de beaucoup de choses, de beaucoup de gens, de beaucoup de moments pour rester laser focus sur ma vision et sur la mise en place des mes actions. Qu’est ce que j’ai pu être borné sur certains points ! J’ai finalement nagé sans pause en eaux troubles et profondes tel un Navy Seal déconnecté pour ne plus voir le temps passé. Seulement la mer dans laquelle je me trouvais m’avait éloigné peu à peu loin de la plage où je m’étais aventuré. Prendre le large, de la hauteur à parfois un côté solitaire, parfois même égoïste mais c’était mon choix, ma vie et je n’avais pas le moindre regret.
Gravité de la vie, dureté de la pensée
À me lire, on pourrait se dire que cela paraît dur, froid de ressentir ainsi face à la gravité de la situation, la dureté du retour à la réalité. La force derrière la claque que la vie peut parfois te mettre quand tu constates que d‘un battement de cils, te voilà déjà à la fin de la trentaine pour finalement voir partir celui qui t’a conçu, nourri et élevé. Celui qui quoi que j’en dise et en pense à fait de moi du moins en partie ce que je suis devenu. Lui qui 61 ans plus tôt avait vu le jour sur cette terre. Cet homme qui a toujours tout donné pour son business, pour ses clients, pour sa famille et même à des inconnus. Il avait le cœur sur la main et la main lourde malgré tout.
Sa situation m’a remis d’aplomb car j’ai souvent renié profondément son comportement, sa violence, son manque d’affection, son côté racaille et échiné alors que dans des situations délicates où il ne reculait jamais, j’avais très souvent admiré la témérité et « les couilles » qu’il pouvait avoir. Ses choix d’abstinence face au plaisir personnel, à la liberté, à des moments à lui, à sa manière de le dire avec une telle confiance : « quand je serais en retraite, je ferais ceci, je ferais cela, on ira ici, on ira la bas».
Les schémas de vie dont on ne veut pas et que l’on entretien
Mais en repassant sa vie en revue dans ma bagnole j’ai vite vu les schémas qu’on avait en commun et constater la similitude avec la mienne sur beaucoup de points. En étais-je arrivé là par simple aveuglement ? Par simple laser focus sur ce que je pensais être mon essentiel dans ma vie ? Par simple manque de clarté sur qui j’étais réellement ? Ou par héritage d’éducation et de lavage de cerveau ?
Et puis malgré la très haute vitesse que pouvais m’autoriser ma grosse bagnole et l’autoroute allemande, mon frère m’appela pour m’annoncer alors que j’étais encore en chemin que mon père nous avait quitté il y avait de cela quelques minutes. Je savais ou je sentais que les choses allaient se dérouler ainsi et donc je decida de me concentrer plutôt sur le besoin de changer mon mode de vie, de ne pas faire les mêmes erreurs que mon père avait pu faire sur certains points pour au moins profiter de ces leçons de vie. Je m’étais donc juré d’aborder les choses autrement!
Le fait qu’il nous ait quitté le jour de l’anniversaire de ma compagne laisse finalement un goût amer à chaque célébration, le fait qu’il soit décédé quelques semaines avant la retraite tant attendu, remet d’aplomb quand on y pense. Cela oblige à se remettre en question et à faire le nécessaire pour sa propre réussite quelle qu’elle soit et son propre bonheur également mais cela le plus tôt possible malgré tout. C’est un peu comme avant un examen, on peut faire tout au dernier moment ou en faire un peu chaque jour pour mieux en profiter sur toute la ligne.
La nécessaire remise en question de chaque vie réussie
Dans chaque situation difficile et négative se trouve malgré tout des choses positives qui soit, n’apparaissent pas à chacun mais qui ont su changer ma vie depuis ! Quelques semaines plus tard, j’apprenais que j’allais devenir papa pour la première fois. Et quelques semaines plus tard ma décision était prise, je suivais mon intuition et donnais ma démission à mes anciens associés. J’avais déjà commencé à changer ma vie pour mon propre bien et celui des miens. 😊
Même si personne dans mon entourage business et privé ne pouvaient comprendre ma décision, mais pour moi les choses étaient claires et logiques comme à chaque fois que j’avais su suivre mon intuition.
Image de 🎄Merry Christmas 🎄 sur Pixabay